Une étude internationale à chaud

L’observatoire du monde scolaire de la HEP Zoug a publié le 24 avril dernier une étude internationale sur la crise du Covid-19 examinée à la lumière des défis lancés au monde de la formation et des écoles par la fermeture des écoles.

Sept chercheurs ont livré leur analyse des données récoltées après dépouillement de 7100 questionnaires diffusés en Suisse, Allemagne et Autriche entre le 21 mars et le 5 avril auprès de parents, d’élèves et de professionnels travaillant dans le milieu scolaire.

Les auteurs en sont les prof. Dr. Stephan Gerhard Huber, Paula Sophie Günther et Nadine Schneider. Ils se sont associés aux prof. Dr. Christoph Helm, Marius Schwander, Julia Alexandra Schneider et Jane Pruitt.

La fermeture des écoles est mieux acceptée par les parents que par les élèves

78% des parents interrogés affirment comprendre la fermeture des écoles, alors que 4% seulement la désapprouvent.

Du côté des élèves, 49% d’entre eux se sentent bien, voire très bien face à la fermeture. 13% la vivent mal à très mal.

Temps passé par les élèves à étudier à domicile

Les réponses des élèves permettent de situer le temps consacré aux activités scolaires à domicile entre 17.32% et 20% selon que l’on prend la moyenne arithmétique ou la médiane de toutes les activités de la semaine.

 

 

 

 

   Les différents types d’activités des élèves confinés avec leur pourcentage de temps hebdomadaire

Le confinement offre-t-il de meilleures conditions d’apprentissage ?

Affirmation proposée aux élèves : « Je pense que maintenant [en période de fermeture des écoles] j’apprends mieux qu’avec un enseignement normal ».

Les élèves qui répondent par l’affirmative (24%) sont deux fois moins nombreux que ceux qui ne sont pas du tout ou pas vraiment d’accord (51%). Le dernier quart d’entre eux n’a pas d’avis à ce sujet.

Communications entre élèves et enseignants

Question posée aux enseignants : “Quelle est la proportion d’élèves avec lesquels nous ne pouvons pas entrer en contact par le biais des médias numériques ?”

Les très optimistes qui disent « Nous pouvons tous les atteindre » sont au nombre de 27%. Les très pessimistes, c’est-à-dire ceux pour qui entre 55 et 100% des élèves restent hors de contact sont au nombre de 8%.

Il est par conséquent nécessaire d’interroger les élèves eux-mêmes et là, ce n’est pas beaucoup plus clair. 62% d’entre eux estiment que la communication avec les enseignants fonctionne bien ou plutôt bien alors que 12% la jugent mauvaise ou plutôt mauvaise.

Enseignants et offre de cours via les moyens numériques

« Combien d’enseignants offrent des cours passant par le numérique ? »

A cette question, 22% des élèves répondent . « Ils le font tous ». En revanche, 10% répliquent « Personne le fait ». Entre ces deux positions extrêmes, c’est « La plupart » qui domine avec 38% des déclarations et le « 50-50 » qui ferme la marche avec 9% des sondés.

Il reste que ces données indiqueraient qu’une majorité d’enseignants joue le jeu de l’offre de cours numérisés.

Cela ne veut pas dire pour autant qu’une communication directe est maintenue. Pour une majorité d’élèves (68%) et de parents (78%), il est inexact de prétendre que les enseignants utilisent la visioconférence ou les Webinaires en mode synchrone pour conserver le lien avec les élèves.

L’hétérogénéité domine un peu partout

Si l’on croit les déclarations des élèves, 31% d’entre eux passeraient plus de 25 heures par semaine à étudier. Ce n’est vraiment pas le cas pour 18% de certains jeunes entre 10 et 19 ans qui consacrent moins de 9 heures par semaine au travail scolaire. Reste un élève sur 5 qui dit étudier entre 20 et 24 heures par semaine.

On l’a vu ci-dessus, l’hétérogénéité des situations prévaut à bien des égards. C’est également le cas entre les trois pays étudiés.

 

Le personnel des écoles se prononce sur l’existence de moyens techniques suffisants pour permettre un enseignement reposant sur l’utilisation des potentialités d’internet.

Alors que les Suisses et les Autrichiens s’estiment plutôt bien équipés en moyens techniques permettant d’enseigner via le Web (57 et 54 % d’avis positifs), les Allemands qui partagent cette vision optimiste sont, eux, minoritaires (24%).

Un point de convergence

Parents et enseignants se rejoignent sur un premier point qui se résume dans la mise en garde: « Attention à ne pas exercer trop de pression sur les élèves/sur les enfants. Il faut y aller doucement ».

La prudence s’impose et serait inversement proportionnelle à l’âge des adolescents. A tel point que, pour les élèves du primaire, il vaut mieux privilégier les enseignements passant par des supports analogiques .

L’importance du lien pédagogique soulignée par cette crise

La majorité des parents reconnaît de manière implicite ou explicite l’importance du lien avec les enseignants, lien qu’ils souhaiteraient voir régulièrement entretenu par des contacts. Qu’ils soient écrits (courriels), téléphoniques ou passant par la visioconférence.

Plus que jamais, les enseignants sont légitimés, reconnus et remerciés pour leur rôle de soutien et de recours en cas de problèmes rencontrés.

D’aucuns saluent la flexibilité dont ont fait preuve certains enseignants et certaines écoles pour basculer très rapidement vers des formules de cours et d’entretiens supportés par le numérique.

La fermeture des écoles, un défi et une opportunité

La fermeture des écoles représente un défi et une opportunité.

L’opportunité de tester les potentialités de la digitalisation de l’école en termes de formation par la technologie et à la technologie.

Le défi réside dans le risque d’assister à un effet clivant, à l’apparition d’un fossé entre élèves favorisés et défavorisés mais aussi entre écoles plus ou moins bien loties.

Inquiétude liée à la réouverture des écoles

Dès lors, une inquiétude majeure s’exprime à propos des élèves. Tous n’ont pas structuré leurs journées de confinement de la même manière, n’auront pas bénéficié des mêmes appuis pour se motiver à travailler à domicile.

Il y a fort à parier qu’un décalage se soit installé entre les uns et les autres et, si tel est bien le cas, la question du rattrapage des retards pris va se poser au moment de la réouverture des classes.

Ouvrage dont sont tirés les graphiques et les informations

Stephan Gerhard Huber, Paula Sophie Günther, Nadine Schneider, Christoph Helm, Marius Schwander, Julia A. Schneider, Jane Pruitt: COVID-19 und aktuelle Herausforderungen in Schule und Bildung, Erste Befunde des Schul-Barometers in Deutschland, Österreich und der Schweiz. Waxmann Verlag, 2020, Münster.
www.Schul-Barometer.net

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