Pour célébrer la fête du travail
A l’occasion du 1er mai, nous souhaitons rendre hommage à Alfred Carrard, cet ingénieur mécanicien suisse, pionnier en psychologie du travail, soucieux de parfaire la formation professionnelle des apprentis. Né à Montreux en 1889, il décèdera en 1948, après avoir fondé l’institut de psychologie appliquée de Lausanne.
Maintenir en éveil l’intérêt et la participation des apprenants
Carrard serait rangé aujourd’hui au nombre de pédagogues instructionnistes. Il prône une démarche d’enseignement méthodique. Il n’en défend pas moins des conditions d’apprentissage prenant largement en compte le bien-être et la participation de ses élèves, comme le démontrent les 6 principes généraux de sa formation idéale ainsi que les 8 règles pratiques afférentes.
Une chose nouvelle à la fois
Premier des six principes: Rendre sensibles les choses, de façon concrète et suggestive.
2. Ne jamais démontrer qu’une seule chose nouvelle à la fois […]
3. Quand une chose a été apprise ou comprise, laissez s’écouler une nuit de sommeil là-dessus.
4. Ne jamais laisser s’installer une mauvaise habitude, exercer par répétition le mouvement bien compris […]
Varier les contenus, rythmer la leçon
Cinquième principe: Ne jamais laisser s’affaiblir l’intensité de la concentration et pour cela varier suffisamment les leçons et exercices.
Note (de Carrard): On peut fixer, au début, la durée d’une phase d’apprentissage à quelques minutes et établir la succession des divers exercices de telle sorte que chaque activité nouvelle mette en œuvre d’autres […] intérêts. Pendant ce temps, les fonctions fatiguées se rétablissent.
6. Maintenir l’intérêt continuellement en éveil grâce à une connaissance approfondie de chaque élève en en indiquant constamment le but futur à atteindre.
Huit règles
Créer dans l’atelier une ambiance de joie, de confiance, qui amène l’apprenti à se réjouir de son activité.
L’apprenti doit se contrôler lui-même. Exiger ce contrôle dès le début.
Eviter les énumérations et les longues explications.
Apprendre le nom des outils au fur et à mesure de leur emploi.
Ne jamais laisser faire de faux mouvements. Faire répéter autant de fois que nécessaire les exercices préliminaires insuffisamment assimilés.
Ne passer à un exercice nouveau que si les précédents ont été parfaitement assimilés et exécutés.
Faire exécuter l’exercice avant de donner l’explication. Etudier plusieurs choses en parallèles, mais dans chacune d’entre elles, une seule chose nouvelle par leçon.
Dès que l’intérêt se relâche, interrompre l’exercice et passer à autre chose.
Beaucoup de respect pour les apprenants
Les courts extraits ci-dessus démontrent que la pédagogie instructionniste d’Alfred Carrard se voulait respectueuse des spécificités, des capacités d’attention, et du bien-être des apprenants. Son malheur fut qu’elle recourait à un sysème de plans d’enseignement. Cela lui valut d’être condamnée dès les années 70 par les partisans des pédagogies actives. Etonnamment, ce genre de condamnation n’a, à notre connaissance, pas été fondée sur des études comparatives mais relevait d’options philosophiques et politiques.
Ouvrages d’Alfred Carrard
La jeunesse de demain, Neuchatel ; Paris : Delachaux & Niestlé, 1942;